Bernard & son épouse.
Constaté à 19h40''32 après avoir parcouru 738 kilomètres, le lauréat national, un mâle roux, réalise la vitesse moyenne de 983,68 m/min. Exactement 9 minutes et 1 seconde plus tard, Bernard Weishaard constate un deuxième pigeon qui se classera donc 2eme national en réalisant la vitesse de 972 m/min. Le podium est complété par le pigeon de la colonie Ledoux Gérard & fils (961,11 m/min). C'est donc un magnifique exploit réalisé par cette colonie alsacienne basée à Durrenbach, un petit village de la région de Strasbourg qui n'est autre que la plus grande ville de la région.
Il faut dire que rien n'était gagné d'avance. En effet, la situation géographique de l'Alsace n'est pas des plus avantageuses. D'une part, pour les faibles contingents joués et d'autre part, du fait de l'environnement. En effet, en prenant les concours de Pau, Barcelone et Saint Vincent, le Bas-Rhin et la Moselle ont joué 813 pigeons, sur 10705 pigeons au national. Soit 7,5 % du contingent qui tire à l'est, et 92,5 % qui tire au nord. Même en prenant en compte les pigeons de la zone 1 allemande, voisine aux régions alsaciennes et mosellanes, on arrive à peine à 6-7 % du contingent international. Pour taper en tête, le pigeon de l'est doit donc se défaire de son instinct grégaire, qui est de voler en groupe, et tirer le plus tôt possible vers l'orient. Ce qui doit souvent terminer en raid solitaire, contrairement aux pigeons du nord entraînés par les masses néerlandaises et belges. Tout à l'honneur de nos pigeons ! Autre point, les Vosges et la Forêt Noire, qui encerclent l’Alsace de part et d'autre, et la plongent dans des nuits sombres, ce qui explique peut-être l'absence d'arrivées nocturnes, comme les connaissent nos amis néerlandais et belges. Au-delà d'être un obstacle naturel, les Vosges sont, du fait de leurs grands murs de pierres, des espaces de nidification parfaits pour nos rapaces adorés. Il n'est donc pas exclu qu'après un périple de 800 à 1000 kilomètres, nos protégés soit cueillis par l'autour de palombe ou le f0aucon pèlerin, à quelques kilomètres seulement de leurs pénates. Le fait d'être esseulé, et le massif vosgien agrémentent beaucoup de discussions aux enlogements, aux dépouillements, en hiver… tout le temps. Il y en a un, du côté de Durrenbach, qui ne peut cependant pas vivre avec cette fatalité, et œuvre depuis des années à développer des pigeons capables de taper en tête malgré ces différents, gros et pesants désavantages. Son nom : Bernard Weishaar. Il est loin d'être le plus apprécié des colombophiles locaux, pour son franc-parler et sa manière peu coutumière de jouer aux pigeons...peut-être que ces résultats agacent, également! N'en reste-t-il qu'il est le N°1 local. Une mauvaise année se termine en 2e place du classement général du club local. En général, on se bat plus pour la deuxième place, parce qu'on sait que la première est réservée « au gars de Durrenbach ». De 2001 à 2014, c'est 39 x top 100 National, 7 x top 10 National, 1er National Femelle Tarbes 2009 et 1er National & International Narbonne 2010. Bref, un palmarès à en laisser plus d'un sans voix.
Comme précisé, Bernard a donc déjà eu la chance de remporter une victoire internationale (Cliquez ici pour consulter le reportage publié à l'époque). Cette victoire, aussi inespérée soit-elle, était la preuve irréfutable que l'exploit était possible. Depuis, la colonie Weishaard s'est tournée exclusivement vers les concours internationaux. Et d'autres colombophiles de sa région lui ont également emboîté le pas. La victoire de Bernard a été en quelque sorte l'élément déclencheur de cette petite révolution locale. D'autres colonies se sont mises elles aussi à rêver. Cela confirme à nouveau le tournant positif pris par la colombophilie française depuis le début du nouveau milénaire, avec des amateurs désormais conscients de ce qu'ils sont capables de faire. Cela se devait d'être souligné.
L'homme & la colonie
Bernard Weishaard a démarré sa carrière colombophile dans les années '70. A l'époque, il participe au programme local, soit des concours s'étalant de 100 à 800 kilomètres. Mais l'envie d'aller chatouiller les grands noms de l'époque lui est prenante. Il décide alors rapidement d'aller se mesurer face aux colonies championnes de Belgique et des Pays-Bas. Ce n'est pourtant que depuis une petite dizaine d'années qu'elle est connue du grand public, notamment après la victoire de Narbonne. Il faut dire que, vu sa situation géographique, Bernard a besoin de conditions de vol bien spécifiques pour pouvoir se classer en tête du résultat international. Il lui faut généralement un temps très dur (comme ce fut le cas en 2010 mais aussi durant l'édition 2014 de Narbonne). Mais, chose primordial, il doit y avoir beaucoup d'ouest dans le vent. Sans cela, c'est tout simplement mission impossible. Jetez un peu oeil aux meilleures prestations remportées par la colonie sur le plan national au cours de ces 15 dernières années.
Top 25 national (2001-2014)
1. National Narbonne 2010 - 1959 pigeons 2. National Tarbes 2009 - 2234 pigeons (1. National Femelle) 4. National Barcelone 2010 - 2814 pigeons (2. National Femelle) 9. National Narbonne 2011 - 1720 pigeons 9. National Barcelone 2012 - 2900 pigeons (3. National Femelle) 10. National St Vincent 2014 - 2837 pigeons 10. National Barcelone 2004 - 1933 pigeons 14. National Tarbes 2009 - 2234 pigeons 16. National Barcelone 2010 - 2814 pigeons (9. National Femelle) 17. National Barcelone 2010 - 2814 pigeons 23. National Narbonne 2012 - 2583 pigeons 24. National Perpignan 2011 - 2395 pigeons
Pour remporter de tels résultats, il faut évidemment disposer du matériel adéquat. Bernard a fait appel à des origines ''locales'', c'est-à-dire des pigeons qui se distinguent dans le même type de relief et de conditions climatiques. Il a ainsi acquis du renfort chez les frères Schaschkow (Wiesvillers, FR) qui forment actuellement la base de la colonie. Le vainqueur de Narbonne est d'ailleurs un descendant des pigeons Schaschkow (Cliquez ici pour consulter le pedigree du vainqueur national de Narbonne). Par la suite, il a décidé d'aller visiter les meilleures colonies allemandes du grand fond actuel. Nous retrouvons ainsi les Kipp & Fils, les Lothar Lessmeister, Burkhard Heller, Karl-Heinz Koers, Herbots-Heller. Bref, que du beau monde! Les pigeons issus de ces différentes lignées font évidemment partie des 20 couples de reproducteurs, chargés d'élever annuellement une centaine de pigeonneaux. L'équipe de jeu est quant à elle composée d'une quarantaine de couples de voyageurs. A Durrenbach, tant les mâles que les femelles voyagent et le système appliqué est celui du veuvage total.
Au niveau du management, Bernard se montre particulièrement dur avec ses pigeons. En effet, ceux-ci sont enlogés en Allemagne pour les concours préparatoires du début de saison. Là-bas, il joue contre les colonies précitées qui forment la base de sa colonie. Son objectif est d'apprendre à ses pigeons de se démarquer de la masse. Ils doivent ainsi se détacher et voler seul afin de regagner leur colombier. Pour se faire, il commence dès le plus jeune âge. Au début, les pertes sont relativement importantes (entre 40 et 50%) mais c'est la solution la plus efficace pour disposer de pigeons capables de créer l'exploit, comme celui réalisé sur Narbonne au mois de juillet dernier. Au vu des résultats remportés, on ne peut que lui donner raison!
Résultats 2014
Limoges (592 km) - Départemental : 625 pigeons 5, 6, 20, 24, 26, 31, 32, 35, 49, 50, 53, 61… (37/49) Bordeaux (780 km) - Départemental : 480 pigeons 9, 16, 23, 26, 28, 30, 44… (19/33) Barcelone (939 km) - Départemental : 124 pigeons 1, 5, 10, 11, … (8/12) St Vincent (906 km) - Départemental : 110 pigeons 1, 2, 4 … (4/7)
Nous présentons nos sincères félicitations à la colonie Weishaar.